Tomáš Veígl
••• Galop 0
Messages : 301
Date d'inscription : 19/06/2009
Pseudo : Sorrane
Crédit d'avatar : Stella -- Acide édulcoré
Métier choisi : Evaluateur
Listing : Moi c'est TOMÁŠ, tu peux tout savoir sur moi & mes chevaux, t'as vu je tiens bien mes comptes, en plus ça m'arrive même de bosser avec ma ju', même si rien ne vaut une bonne détente...
 | | Sujet: Oui mais non... x) |- Soren Mer 24 Juin - 18:04 | |
| Cela faisait un quart d’heure maintenant que Tomáš considérait, immobile, l’oeil vague, le mur qui lui faisait face.
Désoeuvré… Il était complètement désoeuvré. Oh, ce n’est pas qu’il n’avait rien à faire. Il aurait très bien pu faire le ménage de l’appart’, ou aller remplir le frigo qui commençait à se vider, ou ranger sa chambre qui était déjà dans un état passablement bordélien… Oui mais non, rien de tout ça n’était urgent et rien de tout ça ne lui faisait vraiment envie. Il aurait bien pu prendre une feuille et se mettre à dessiner, ou… Oui mais non, il restait là, assis tout seul sur son canapé, contemplant avec une passion toute relative le mur d’en face qui restait obstinément vierge de tout élément intéressant à regarder.
Booon, songea-t-il pour la soixante-huitième fois depuis qu’il s’était figé là, comme en attente de trouver une occupation qui en valait la peine. Faudrait pitêtre que je me bouge…
Oui mais non.
Raah, si ça continuait comme ça, ces trois mots allaient devenir sa devise….
« Let’s move ! » se commanda-t-il subitement, parlant à voix haute dans l’appartement heureusement désert. Ou presque, mais bon, ce ne seraient pas les trois fourmis qui se baladaient sur le carrelage qui allaient faire courir dans Edimbourg le bruit qu’il était fou au point de converser avec lui-même… D’ailleurs elles ne feraient courir aucun bruit du tout parce que quoi, franchement, vous avez déjà entendu une fourmi faire du bruit vous ?
Bref, revenons-en à nos moutons, ou plutôt à notre Tomáš qui, par un effort de la volonté, s’arracha à la contemplation pourtant si prenante de son mur et se leva du canapé.
Bon, maintenant il était debout, mais ça ne l’avançait pas beaucoup. Machinalement, il s’approcha de la fenêtre et jeta un coup d’œil sans conviction dehors. Son regard tomba alors sur la moto qui patientait, attachée en bas de l’immeuble, et soudain il trouva quoi faire.
Trois minutes suffirent au jeune homme pour enfiler des baskets, choper son casque et retrouver ses clefs laissées en plan dans la cuisine. Oui, quand il était déterminé, Tomáš s’avérait étonnamment rapide et énergique… Il verrouilla la porte derrière lui, puis dévala les escaliers sans prendre la peine d’appeler l’ascenseur.
Parvenu aux côtés de sa moto, il tapota le siège… et retira vivement sa main ; en plein soleil depuis des heures, le tissu noir était devenu brûlant. Avec soin, le jeune homme composa le numéro qui déverrouillait son antivol, puis il enfourcha le véhicule et démarra, le grondement du moteur lui causant une immense satisfaction.
Tomáš aurait dû arrêter la moto depuis l’accident qui avait failli lui coûter la vie et lui laissait aujourd’hui encore des séquelles. Et même, de l’avis de sa mère, il n’aurait jamais dû commencer… Oui mais non, encore une fois. Les mères et les médecins ont une tendance à la dramatisation plus pathétique qu’autre chose. À quoi bon être en vie si c’est pour vivre à moitié, et passer à côté des plus grands plaisirs de l’existence ? Il ne l’aurait jamais admis mais au début, il avait eu du mal à retrouver toute son assurance à moto, les images de sa violente chute ayant une fâcheuse tendance à lui revenir en mémoire juste au mauvais moment. Mais maintenant, ces fantômes étaient définitivement bannis et ne demeuraient plus que le plaisir de la conduite et de la sensation du vent qui sifflait autour de lui.
Quoi qu’on en dise, la bécane reste le meilleur moyen de transport en ville. Quand toutes les voitures restent coincées dans les rues engorgées, vous vous passez tranquillement, un sourire goguenard aux lèvres, zigzaguant entre les files et doublant tout le monde… Mais bon, ce jour-là, ou du moins, à cette heure, Edimbourg était plutôt calme et la circulation assez fluide.
Sorti de chez lui sur un coup de tête, Tomáš n’avait en vérité pas vraiment de lieu où aller. Une virée à moto, voilà le seul motif qui l’avait fait quitter son appartement solitaire, sans réfléchir outre mesure à la destination de la virée en question. Il suivit à tout hasard les rues qui s’enchaînaient, avec l’envie de quitter la ville pour gagner la périphérie, là où la vitesse n’était pas aussi limitée –franchement, rouler aussi lentement, c’était d’un ennuii…
Toutefois, connaissant mal Edimbourg et n’ayant aucune idée un tant soit peu précise de l’endroit où il avait envie/besoin d’aller, il tourna pendant un bon moment jusqu’à constater que son réservoir d’essence commençait à être un peu trop léger, ce qui lui donna un but : et c’était parti pour la Quête de la Station-service ! D’ailleurs il eut un peu de mal à en localiser une… Mais passons, Tomáš, avec la force de l’habitude, eut tôt fait de faire le plein et même pas dix minutes après s’être arrêté, il repartait sur la route.
Ses pérégrinations le conduisirent dans une zone beaucoup moins accueillante de la ville. Peu à peu les immeubles devenaient plus hauts, plus serrés, plus sales, comme si à chaque rue qu’il passait le niveau de pauvreté des habitants augmentait. Le jeune homme finit par atteindre un quartier franchement sinistre et délabré. Il ralentit légèrement au niveau d’un terrain de basket en sale état, où une bande de mecs faisaient rebondir leur grosse baballe orange, puis reprit un peu de vitesse tout en se faisant la réflexion que ce coin était quand même passablement glauque…
Sans trop savoir comment, Tomáš finit par déboucher sur un quai délabré, qu’il ne tarda pas à identifier comme étant d’anciens docks abandonnés. Il ralentit, roulant au pas tout au bord du quai, afin d’observer à loisir les lieux. Finalement, il stoppa carrément sa moto et la cala avec la béquille avant de descendre pour s’approcher de l’eau. Les yeux baissés, il observa la mer huileuse, lisse, d’un bleu-vert sombre, puis son regard se porta plus loin, suivant la surface de l’eau sur laquelle, à une bonne distance, quelques bateaux de pêche de taille variables étaient posés, remuant doucement au rythme du courant. | |
|
Accueil